La flexibilité au travail est une soft skill fondamentale
La psychologue et coach Nelly Magré partage ses conseils pour mettre en avant et renforcer ses compétences comportementales, également connues sous le nom de « soft skills », qui sont de plus en plus recherchées sur le marché du travail.
Les Softskills pour les nuls
Dans son livre Les Softskills pour les nuls, Nelly Magré, psychologue du travail et consultante en ressources humaines, décrypte ce concept et donne des pistes pour mettre en valeur et développer ses qualités transversales dans le monde professionnel.
Le Point : Que met-on derrière le terme soft skills ?
Nelly Magré : Ces « compétences douces », en français, regroupent toutes les qualités psychologiques, comportementales et relationnelles d’une personne. En somme, c’est le savoir-être, par opposition à l’expertise et au savoir-faire (ce qu’on appelle les hard skills). Pour réussir professionnellement, les deux doivent aller de pair : par exemple, si vous êtes banquier, que vous savez très bien valoriser l’argent qui est entre vos mains, c’est évidemment un atout ; mais si, lorsque vous recevez un client, vous êtes incapable de communiquer avec lui, il va manquer un bout. De la même manière, un formateur qui « balance » des contenus fera moins progresser ses étudiants que celui qui sait créer du lien avec eux.
Enjeu des Softskills
Le monde du travail est en pleine mutation : qu’on le veuille ou non, beaucoup de compétences techniques vont être remplacées d’une manière ou d’une autre par l’intelligence artificielle. Et au final, ce sont les aptitudes comportementales qui vont jouer un rôle de premier plan dans les métiers de demain. Par exemple, être capable d’analyser les informations et prendre du recul par rapport aux données générées par l’IA, ce seront des soft skills de plus en plus valorisées.
Qui plus est, les carrières sont de moins en moins linéaires. Les générations actuelles et celles qui arrivent vont être de plus en plus soumises à des changements de métiers. Et, alors que les savoir-faire sont spécifiques à certaines professions, les compétences comportementales, elles, sont transférables. Cela signifie que plus on développe de soft skills, plus on renforce son employabilité.
Softskills Recherchées
Tout dépend du poste, bien sûr : on n’attend pas la même chose d’un comptable ou d’un commercial. Malgré tout, compte tenu du monde dans lequel on vit, la flexibilité devient fondamentale. Savoir se remettre en question, affronter le changement en le voyant comme une opportunité plutôt que comme un agacement, c’est essentiel. La curiosité, qui est directement liée à cette idée d’adaptabilité, est également une compétence clé, tout comme l’écoute, qui permet de comprendre la réalité de l’autre, ses besoins et ses ressentis.
À la différence des traits de personnalité, les soft skills sont malléables : dès lors qu’on en a envie, on peut les développer.
Avec la crise du Covid et le développement du télétravail, l’autonomie est aussi devenue une soft skill très demandée. À distance, le salarié doit savoir s’organiser, prioriser ses tâches et se fixer ses objectifs, sinon les impacts sur l’activité et la qualité de vie au travail peuvent être particulièrement néfastes.
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Oui, il existe différentes techniques pour cela. Les questionnaires de personnalité fournissent par exemple une trame qui peut servir de base lors d’un entretien. Attention toutefois : les conclusions ne doivent pas être tirées des tests eux-mêmes, mais d’un échange entre le participant et un professionnel formé à les décoder.
Pour aller encore plus loin, on peut passer par la méthode dite des « assessment centers ». Ce sont des exercices de mises en situation comportementales, aussi bien individuelles que collectives. Par exemple, le candidat est placé face à un collaborateur qui veut démissionner et sa consigne est de tout faire pour le garder : comment va-t-il procéder ? Sur quels leviers va-t-il s’appuyer ?
Les assessment centers sont un outil très puissant pour détecter les soft skills, car cela permet d’aller au-delà du déclaratif et de voir ce qu’une personne est vraiment capable de faire et comment elle le fait. Et à cette occasion, les gens prennent aussi conscience de leurs forces et de leurs faiblesses.
Quand on postule à une offre d’emploi, est-il rédhibitoire de ne pas avoir toutes les soft skills requises ?
Non, car la question est aussi celle du potentiel. S’il fallait obligatoirement avoir des compétences managériales confirmées avant de devenir manageur, ceux-ci ne seraient pas très nombreux. À un moment donné, il faut bien se lancer ! Toutefois, avoir des aptitudes à communiquer ou à régler des conflits, par exemple, ce sont des qualités qui vont dans le bon sens pour devenir responsable d’équipe.
Chacun a en soi des graines de soft skills, qui ont pu plus ou moins s’exprimer en fonction de son parcours. Les compétences comportementales relèvent à la fois de l’inné et de l’acquis. Certaines personnes naissent par exemple sociables : elles ont une capacité, depuis toutes petites, à établir le contact avec l’autre. Pour d’autres, ce n’est pas le cas. Mais à la différence des traits de personnalité, les soft skills sont malléables : dès lors qu’on en a envie – parce que c’est aussi une question de motivation –, on peut les développer.
Comment procéder ?
Ce travail peut être fait individuellement, en lisant des livres ou en suivant des formations. Au quotidien, il est aussi possible de « s’entraîner » avec son entourage, par exemple s’exercer à l’écoute active avec ses proches (conjoint, enfants, amis).
En entreprise, cela fait aussi partie des rôles d’un bon manageur d’aider ses collaborateurs à acquérir de nouvelles compétences. Pour révéler des soft skills chez quelqu’un, la mise en situation peut être une technique intéressante. Ainsi, si un manageur sait qu’un membre de son équipe est tenté par un poste d’encadrement, il peut lui proposer de le remplacer lorsqu’il est absent, tout en restant disponible pour répondre à ses questions. À l’issue de cette expérience, il faut bien sûr prévoir un temps de débriefing pour échanger sur les éventuelles difficultés rencontrées et sur ce que le salarié en a retiré.
Pour « cultiver » ses soft skills, il faut surtout être ouvert aux apprentissages, quels qu’ils soient, et ne pas rester figé sur ses acquis. Car tout va très vite ! Une étude a ainsi estimé que 85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui…